Alexandre Yersin, un Grand Homme si peu connu

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Le nom d’Alexandre Yersin vous dit quelque chose ? Non. Pas étonnant ! Le commun des mortels ignore tout, ou presque, d’Alexandre Yersin, explorateur, ethnologue, marin, agriculteur, géographe, médecin et savant suisse, découvreur du bacille de la peste en 1894.


Alexandre Emile Jean Yersin voit le jour à Aubonne (canton de Vaud) en 1863. Son père, féru de botanique et d’entomologie meurt avant sa naissance. Sa mère s’installe alors dans la ville voisine de Morges, à la Maison des Figuiers. C’est là qu’il grandit et revient de temps en temps après ses longues pérégrinations.

Après son baccalauréat ès Lettres, il débute des études de médecine à Lausanne (1883-1884) qu’il termine à Paris à l’Hôtel-Dieu en 1888.

Grâce à sa rencontre avec Emile Roux, il entre à l’Institut Pasteur en 1889 où il rejoint la jeune équipe des pasteuriens, la première formée autour du Maître. Il participe aux séances de vaccination contre la rage, à la découverte de la toxine diphtérique et devient le préparateur du cours de microbiologie. Année où il obtient la nationalité française.

Les expéditions en Indochine

Mais dès 1890, il éprouve le besoin de voyager et s’engage comme médecin à bord sur la ligne Saigon-Haiphong. L’Asie lui colle à la peau. Épris de l’Indochine, il obtient des Messageries maritimes pour lesquelles il travaille, la permission d’explorer le pays en 1891.VNam vitieubao

Il s’établit dans un petit village de pêcheurs, Nha Trang, qui deviendra plus tard la belle ville de Da Lat qu’il a en partie créée.

Il s’engage en 1992 comme Médecin de Santé coloniale en Indochine. Il se révèle excellent explorateur par la réalisation de cartes topographiques d’une grande précision et par de nombreuses observations anthropologiques et économiques. Il explore l’Annam puis la Cochinchine jusqu’en 1894 où il se lance dans l’élevage des chevaux et de bovins pour la production de sérums.

La découverte du bacille de la peste

En 1894, une épidémie de peste atteint la Chine et notamment Hong Kong, le gouvernement français et l’Institut Pasteur le mandatent pour y étudier les raisons de l’épidémie. Yersin installe un petit laboratoire dans une paillote où il découvre le bacille de la peste, le Yersina Pestis.

Il revient à Nha Trang pour tenter de créer un vaccin pour prévenir la peste et un sérum pour la guérir. En 1895, il y crée l’Institut Pasteur avec tous les équipements nécessaires à la préparation du vaccin.

De 1896 à 1898, il parcourt la Chine et l’Inde, frappées par des épidémies de peste pour tester son sérum anti pesteux mais les résultats sont relativement décevants car peu efficaces.

Son laboratoire s’orientera ensuite vers les maladies infectieuses chez les animaux, notamment la confection d’un sérum pour la peste bovine.

Les activités agricoles de Yersin

Dès 1898, il s’intéresse à la culture de l’Hévéa brasiliensis qu’il importe et acclimate pour en extraire le latex qu’il vendra ensuite aux Frères Michelin.coffee-plantation sarangib

Il essaye ensuite plusieurs cultures comme le cacao, le café, le manioc, le cocotier, des plantes aux vertus thérapeutiques… qui rencontrent un succès mitigé jusqu’en 1915 où il implante des Cinchonas pour produire de la quinine, substance utilisée dans le traitement du paludisme.

Avec toutes ces plantations, il a contribué au développement de l’agriculture indochinoise, l’Hévéa étant encore aujourd’hui l’une des principales ressources du Viet Nam.

Distinctions et récompenses

Parallèlement à ses activités agricoles, Yersin reste présent dans le monde scientifique indochinois. En 1902, le Gouverneur général de l’Indochine française l’appelle à Hanoi pour créer l’Ecole de Médecine qu’il dirige pendant 2 ans.

En 1904, l’Institut Pasteur de Paris lui donne les responsabilités de l’Institut Pasteur de Saigon. Il exercera la charge de directeur des Instituts Pasteur d’Indochine jusqu’en 1924. Après le décès d’Albert Calmette et d’Emile Roux en 1933, il est nommé Directeur honoraire de l’Institut Pasteur de Paris.

Même si l’homme fuit les honneurs, il est élu membre de l’Académie des Sciences et fait Grand Chevalier de la Légion d’Honneur en 1939.

Il décède le 28 février 1943 d’une myocardie à l’âge de 79 ans dans sa maison de Nha Trang. Ce chercheur à la curiosité insatiable, doté d’une intelligence supérieure, est un solitaire invétéré. Il ne s’est jamais marié et n’a jamais eu d’enfants.

Postéritéphoto Yersin

Quand d’autres passent leur nom à leurs fils, lui, Alexandre Yersin, le transmet à la science.

Il reste relativement peu connu en Suisse et en France, son pays d’adoption, comparés à sa notoriété au Viêt Nam.

Ses traces au Vietnam sont très vivantes aujourd’hui. Patrick Deville les a suivies pour écrire son livre. Il confie: «Vous trouvez Alexandre Yersin un peu partout dans le pays ». Ou encore, le témoignage de M. Dang Anh Trai, dernier survivant à avoir travaillé avec le docteur Yersin : « On le considérait comme un Bouddha vivant ».

Un musée lui est consacré, des lycées, des rues, des bâtiments portent son nom… Un prix Alexandre Yersin récompensant les étudiants vietnamiens sur la base d’un concours de nouvelles a même vu le jour en 2013.

 

Pour en savoir plus:

Alexandre Yersin Wikipedia

Patrick Deville, Peste & Choléra (lien vers Amazon)

 

Auteur : Bénédicte Bringuier pour Horizoom.

Crédits photos:

pixabay/Sarangib

pixabay/vitieubao

 

 

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