« Les individus vont devoir se ménager pour ne pas devenir fous face à la profusion des sollicitations », Olivier Charbonnier
C’est ce qu’anticipe Olivier Charbonnier, co-auteur avec Sandra Enlart de l’ouvrage « Quelles compétences pour demain ? » . Dans une interview pour l’Usine Nouvelle, il explique qu’il y a des savoirs de base qu’il faudra maîtriser dans les années qui viennent pour évoluer dans le monde du travail.
Comprendre le monde numérique
L’un de ces savoirs de base sera la capacité à utiliser et comprendre le monde numérique. Pour Olivier Charbonnier, il faudra maîtriser ce qui s’apparente à un nouvel alphabet, pour ouvrir le robinet du savoir disponible. Mais cela sera insuffisant.
Savoir contextualiser
Il faudra en effet, pour faire face à cette profusion de données, pouvoir les contextualiser dans l’histoire et la géographie.
Des connaissances en matière de science pourront contribuer à cette contextualisation nécessaire.
« Les connaissances en matière de sciences seront nécessaires, car plus le monde est virtuel, plus on s’en remet aux données digitales. Or ceux qui auront les moyens de les confronter au monde réel possèderont un réel avantage. »
Savoir se concentrer, savoir se déconnecter
Dans la société et l’économie cognitive qui s’annonce, il faut entraîner le cerveau à se concentrer comme à mener plusieurs tâches de front, et se déconnecter aussi d’offres de plus en plus addictives.
Capacités relationnelles
Pour les auteurs, l’apparition et le développement de salons de conversation devraient survenir. On y apprendra à dialoguer, à raisonner, à confronter les points de vue.
Savoir matérialiser une pensée, des idées
Les auteurs imaginent des lieux d’apprentissages, les fabriques inspirées des fablabs, c’est-à-dire des endroits où on apprend à faire, à fabriquer, pour donner une forme, pour littéralement matérialiser une pensée, des idées.
« A l’heure du tout immatériel, nous avons besoin de donner forme, d’où l’explosion des imprimantes 3D ou le succès des designers, capables de mettre en scène les idées et les objets. »
Capacités existentielles
Les auteurs soulignent le rôle de plus en plus déterminant des capacités relationnelles mais aussi des capacités « existentielles ».
« Les personnes devront être de plus en plus autonomes, qu’elles devront se gérer elles-mêmes, être capable de choisir dans un monde d’abondance par exemple. »
Capacité à se ménager
« Dans un monde de stimulation permanente, celui qui saura couper possèdera une capacité essentielle. Il saura se donner le temps de penser. »
Ainsi la capacité à se ménager sera de plus en plus importante. Leur anticipation se base sur des signaux faibles, comme l’attrait pour la méditation ou le yoga.
« Les individus vont devoir développer des contre-efforts pour ne pas devenir fous face à la profusion de sollicitations. »
Quel devenir pour nous, les multipotentiels ?
Pour nous multipotentiels, qui savons déjà que trop « ouvrir le robinet du savoir disponible » pour reprendre cette jolie expression des auteurs, nous pouvons mesurer l’enjeu de cette gestion de soi, qui relève même de l’art de soi :
1/ se laisser solliciter (ce qui notre carburant vital) mais dans une juste proportion,
2/ se laisser du temps pour structurer, élaborer notre propre pensée (sans se perdre dans le toujours plus d’informations)
2/ transformer nos idées en projets concrets, tangibles.
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PKM (Personal Knowledge Management)
Pour en savoir plus
Quelles compétences pour demain ? de Sandra Enlart et Olivier Charbonnier Editions Dunod Collection Hors collection 192 pages 17 euros
L’article de l’Usine Nouvelle, signé de Christophe Bys (27 février 2015) Il questionne Olivier Charbonnier sur le devenir du rôle de managers.
Illustration : Flickr / TORLEY/ A maze of confusion (labyrinthe de confusion) in Second Life