« Se réinventer » est-elle une expression galvaudée ? Où son usage si fréquent est-elle signe des temps, le signe concret de ces temps de mutation dont nous parlions , avec d’autres collègues dans un ouvrage collectif paru en 2013 – S’approprier les clés de la mutation : Comprendre, innover, agir autrement?
Ce sont les questions que l’on peut se poser en remarquant le nombre impressionnant de titres d’articles de presse ou de titres d’ouvrages, qui empruntent l’expression.
Se réinventer, une expression très utilisée
Voici quelques exemples de titres d’articles : «La grande distribution doit se réinventer» (Figaro 06/10/11) – « Pourquoi Obama doit se réinventer (Le Cercle Les Echos 17/10/11) – Les DSI vont devoir se serrer la ceinture… et se réinventer (08/11/11) – L’habitat doit se réinventer (cadres-dirigeants.fr) – La monarchie britannique doit se réinventer (25 avril 2011) – La Deutsche Bank devra se réinventer sans son « surhomme » Ackermann –
Le coaching existentiel : rebondir, se réinventer en profondeur … Se réinventer professionnellement
ou encore « Réinventer l’engagement » (A Paris n°41).
Des titres d’ouvrages ne sont pas en reste : Le Club Med : Réinventer la machine à rêves – Réinventer l’entreprise, la création de richesses au service du progrès collectif – Réinventer les RH : 7 axes de progrès pour répondre au malaise des salariés – 7 étapes pour un business model solide, comment construire et réinventer un modèle économique.
Bref, nous devons tous, que l’on soit individu, organisation, concept, nous réinventer…
Soit !
Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement se réinventer ?
Et comment fait-on pour se réinventer ?
Quels sont les processus pour se transformer ?
Quels sont les leviers nécessaires pour réaliser des changements significatifs ?
Je vais apporter dans les lignes qui suivent à ces vastes questions quelques éléments de réponse, qui sont les fruits d’expériences personnelles de ce processus de réinvention.
J’ai dû en effet me réinventer professionnellement à plusieurs reprises et vivre ainsi plusieurs « mutations professionnelles ».
Aujourd’hui, praticienne du management de l’innovation (entre autres activités) je vois dans les boîtes à outils de la créativité et de l’innovation, de très précieux outils pour se réinventer.
Alors que la créativité est le simple processus de générer quelque chose de nouveau, l’innovation concerne la mise en œuvre pratique de l’idée créative et la réalisation concrète de quelque chose qui a un impact (de préférence positif !).
Se réinventer, ce n’est pas faire table rase.
Dans l’absolu, on pourrait imaginer que pour se réinventer il suffit de faire table rase.
Notre situation présente serait alors vue comme une table de travail encombrée des documents qui ont inutilement servi à avancer dans des directions sans réelle issue. Et d’un mouvement du bras, nous pourrions la débarrasser de tout ce qui la jonche (la table devient rase).
Nous amorcerions ainsi le processus de réinvention en tentant de repartir avec de nouvelles hypothèses, dans de nouvelles directions.
Cette idée de la virginité, volontairement provoquée (on efface, on oublie tout ce qui existe, ce qui a déjà servi et on repart de zéro, sur de nouvelles bases) n’est pas possible.
Et d’ailleurs serait-elle souhaitable ?
Nous sommes malgré tout riches de connaissances, d’expériences, d’idées, qui constituent du matériau brut utile.
«Assimilez ce qui vous est utile. Rejetez ce qui est inutile, et adaptez ou modifiez le reste pour qu’il vous convienne parfaitement »,
aurait préconisé à ses élèves, Bruce Lee, expert en art martial.
Cette sagesse issue d’un art du combat, réputé pour intégrer également une dimension spirituelle et philosophique dans ses enseignements, explicite le principe fondamental pour se réinventer.
Pour réinventer quelque chose, il faut le concasser et recombiner des parties.
Se réinventer, c’est revenir aux plus petits éléments qui nous constituent pour les ré-assembler différemment.
« Réduire en petits fragments (…), pour séparer plus facilement les principes qu’ils contiennent » (Littré).
La notion de « mutation » en génétique, qui est à la base de l’évolution des espèces, désigne une modification irréversible de la séquence d’un génome ADN ou ARN.
Si l’on poursuit l’analogie de la génétique avec notre sujet, se réinventer, c’est séquencer différemment notre génome, notre matériel génétique.
John Naisbitt, le célébre prospectiviste, auteur des ouvrages de référence comme Megatrends ou Mindset, explique dans ce dernier ouvrage ses techniques pour décrypter le présent et y voir l’avenir.
Il écrit :
« Parfois, j’écris sur des cartes individuelles, des événements, des phénomènes, une mode, des surprises. Puis je mélange les cartes, les dispose en éventail, les re-mélange à nouveau. A chaque fois, je regarde si les nouvelles juxtapositions issues du hasard me donnent quelques nouvelles idées, quelques nouvelles connections, que je n’aurais autrement pas remarquées, une nouvelle façon d’organiser les faits sous forme d’une tendance «
Suite de l’article :
Comment se réinventer ? L’apport des outils de créativité et d’innovation.
Cet article est un court extrait de ma contribution à l’ouvrage S’approprier les clés de la mutation : Comprendre, innover, agir autrement (2013)
Illustrations : Auteurs inconnus
3 commentaires
Bonjour ,comment revenir à son point de départ et se réinventer avec cette base,
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